Temps d’écran ou Temps à Cran

Temps d’écran ou Temps à Cran (Screen Time ou Scream Time)

L’une des questions le plus fréquemment posées concerne la fixation de limites de temps d’écran pour les enfants. Beaucoup de parents craignent que leurs enfants passent trop de temps devant l’écran, mais ils ne savent pas ce qui est acceptable ou comment commencer à poser des limites. Les écrans font tellement partie de notre vie que l’idée de les supprimer semble trop compliquée.

Les recommandations en matière de temps d’écran varient d’un pays à l’autre. Par exemple, la France préconise de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans. Aux États-Unis, on déconseille l’utilisation des écrans jusqu’à 18 mois, mais après ça, ils estiment qu’une heure par jour jusqu’à l’âge de 3 ans est « bien ». Ils suggèrent 2 heures par jour pour les 11-13 ans, mais les statistiques montrent que ce groupe d’âge peut passer jusqu’à 7 heures par jour devant leurs écrans.

La non-exposition aux écrans avant l’âge de 3 ans est vraiment importante (en France, ils soulignent que cela inclut de ne pas avoir une télévision allumée dans la même pièce qu’un enfant de moins de 3 ans), car c’est une période cruciale où les enfants ont besoin de stimuli spécifiques disponibles dans leur environnement pour le développement sain du cerveau. Les écrans envoient de mauvais messages au cerveau des enfants, ce qui pourrait altérer les fondements de toutes les fonctions cérébrales futures [1].

Les parents doivent décider ensemble des limites de temps d’écran avec lesquelles ils sont à l’aise. Les directives varient de 1 à 2 heures selon l’âge. Je ne suggère jamais une limite fixe parce que chaque enfant est différent.

C’est pourquoi je voudrais partager mon vécu à titre d’exemple :

Ma fille regardait la télévision tous les jours. Nous étions à l’aise avec ça parce qu’elle le faisait beaucoup moins que les autres enfants de son âge que nous connaissions. Mais je voyais ma fille se transformer en un zombie alors qu’elle regardait la télévision ; ses yeux devenaient rouges et larmoyants et je devais répéter son nom 3 ou 4 fois pour avoir son attention. Elle répondait par un bref « quoi ? » et un impressionnant regard noir.

Je la prévenais que c’était son « dernier dessin animé » et que dès qu’il serait terminé, la télévision s’éteindrait. Elle me renvoyait d’un geste de la main et d’un accord « ouais, ouais ». Quand le dessin animé se terminait et que j’éteignais la télé, elle s’effondrait complètement. Elle criait, se débattait et essayait de m’arracher la télécommande de la main. Et elle pleurait de façon incontrôlable. C’était juste horrible.

Au début, je trouvais « normal » qu’elle regarde la télévision, je me disais : quel enfant ne regarde pas la télévision ? Mais j’ai finalement pensé : « C’est fou, ça ». Nous souffrons toutes les deux pour quoi ? Pour 30 minutes à une heure de temps de télévision ? Cette guerre entre nous lorsque la limite de temps d’écran a été atteinte n’en valait tout simplement pas la peine.

Donc, nous avons fait un sevrage brutal. Pas de temps d’écran. Nada.

À ce stade, ma fille avait probablement 3 ans et nous avions autorisé la télévision pour la première fois vers 2 ans (personne que je connaissais ne parlait des problèmes d’exposition aux écrans en 2016). J’étais assez inquiète à l’idée de supprimer la télévision pour de bon après une période de dépendance d’un an.

Elle m’a demandé la télévision chaque jour pendant quelques jours. Il y a eu quelques larmes et quelques crises de colère. Mais je lui ai expliqué que ce n’était pas bon pour elle, que cela affectait sa santé, son comportement et qu’il fallait faire une pause.

En moins d’une semaine, elle a cessé de demander de regarder la télévision.

Ça y est, il lui a fallu une semaine pour oublier la télé. J’ai évité d’en parler de peur de ramener son attention vers la télé, mais je le voulais ! J’étais vraiment impressionnée.

Aujourd’hui, ça fait trois ans qu’on a coupé la télé et elle ne demande toujours pas de la regarder. Elle a 6 ans et elle peut s’occuper pendant des heures (et la pauvre enfant a dû faire ça parfois à cause du télétravail, etc.), elle invente des jeux, elle feuillette ses livres, elle bricole, elle dessine, elle chante, elle danse, elle écoute de la musique. Mais elle ne demande jamais la télé.

Cela a aidé quand son petit frère est arrivé, il a maintenant 3 ans et il n’est pas du tout intéressé par la télévision. Ça nous arrive qu’elle soit allumée chez des amis, et il peut la regarder par curiosité pendant quelques minutes, mais il s’en va vite jouer.

De temps en temps, nous regardons un film avec notre fille de 6 ans, et parfois elle et son père regardent leurs émissions de rénovation ennuyeuses lorsque maman et son petit frère font la sieste. Mais c’est tout. Elle est la fille la plus imaginative, créative et confiante que je connais (je sais que je suis biaisée). Peut-être qu’elle serait aussi comme ça si elle regardait la télé, mais une chose est sûre : « le temps à cran » ne me manque pas du tout !

Lorsque nous regardons la télévision, on peut diminuer ses effets négatifs en faisant le suivant :

• On porte des lunettes contre la lumière bleue.
• On ne regard pas la télé le matin ni le soir.
• On s’assoit le plus loin possible de la télévision.
• On s’expose à la lumière naturelle avant et après (et pendant, si les fenêtres/portes peuvent être ouvertes).
• S’il n’y a pas de lumière naturelle, on allume une lumière rouge sur le téléviseur pour compenser la lumière bleue.
• On fait toujours des pauses (parfois on regarde des films sur deux séances).
• On regarde toujours la télévision, pas un écran de tablette.

Beaucoup de parents sont réticents à l’idée de supprimer les écrans au début, c’est très intimidant. Mais les enfants s’adaptent si facilement ! Ils s’en remettront probablement beaucoup plus rapidement que les parents.

Donc, si vous pensez que votre enfant pourrait en bénéficier, je vous encourage à essayer. J’ai trouvé qu’il est beaucoup plus facile de supprimer complètement l’écran que d’essayer de réduire le temps passé devant l’écran. Et je ne connais aucun adulte qui s’est plaint à ses parents de ne pas avoir pu regarder assez de télé lorsqu’il était petit.